1891-1991    Temps additionnel à la discrétion de l’arbitre

1991-2022    Temps additionnel apprécié par le 4^e arbitre

2022 Qatar   Temps additionnel aléatoire de Pierluigi Collina

Pierluigi Colline, le président de la commission des arbitres de la FIFA, avait annoncé la couleur avant la Coupe du Monde 2022 au Qatar

 « On veillera à ce que les arbitres compensent au mieux les minutes perdues avec l’objectif d’augmenter le temps de jeu effectif. »

Et on a vu ! le football de grand-papa qui se jouait 90 minutes est mort… on joue en 2022 entre 100 et 105 minutes ! Et pourtant le Board n’a pas modifié les Lois du jeu. Avec Collina, l’interprétation des Lois du jeu, celle de la durée de la partie (Loi VII), devient énigmatique et paradoxale.

Le mystère du décompte du temps additionnel au Qatar

C’est Éric Borghini, le président de la commission des arbitres, qui donne un début de réponse. Il s’est procuré auprès des deux centraux français présents au Qatar, Stéphanie Frappart et Clément Turpin, le détail de ce qu’ils doivent décompter, via le quatrième arbitre, à la fin de chaque période.

« Les blessures des joueurs et les remplacements », sont pris en compte, mais aussi « les penaltys, les cartons rouges, les célébrations de but et les retards liés à l’utilisation du VAR ».

L’énigme c’est de comprendre pourquoi il n’est tenu compte que de ces cas-là ! Cela semble totalement aléatoire. Pour appuyer le bilan sur le temps dépensé par la VAR pour les contrôles et les visionnages, au cours de la phase expérimentale (2016-2018), la FIFA l’avait comparé avec les arrêts de jeu naturels de la partie.

À la lumière de ces chiffres, la décision de Collina semble totalement arbitraire…

Les remises en jeu sur un coup de pied de but, un coup franc, un corner, une touche laissent aussi égrener de nombreuses minutes sur un match ! Pourquoi le carton rouge et pas le carton jaune ? L’administration d’un simple carton jaune prend parfois beaucoup de temps, avec 5 ou 6 joueurs qui viennent discuter, contester…

Pourquoi jouer de 100 à 105 minutes chrono ?

Pour faire simple, on joue moins de 60 minutes de temps de jeu effectif… avec  plus de 30  minutes perdues. Donc cela n’a pas de sens de rajouter 10 ou 15 minutes.

En poursuivant le raisonnement de Pierluigi Collina, il fait rajouter 30 minutes de temps additionnel. Et bien sûr encore 10 minutes à la fin du temps additionnel numéro 1 pour les minutes non jouées pendant ces arrêts de jeu, puis 3 ou 4 minutes… à la fin du temps additionnel numéro 2 pour les minutes non jouées. Une démonstration par l’absurde donne une partie de football qui se joue en 90 minutes + 30 + 10 + 3 + 1 + 20 secondes + … Pour jouer 90 minutes de temps de jeu effectif il faudrait jouer entre 130 et 150 minutes !

Et si on modifiait les règles du football ? (Rappel c’est acté par Le Board… pas par Pierluigi Collina !)

Il semble plus juste, plus équitable de changer la loi… que d’allonger aléatoirement la durée de la partie au bon vouloir d’un quatrième arbitre ou du président de la commission des arbitres. Il est envisageable de s’inspirer d’autres sports collectifs et de jouer au temps effectif… mais il s’agit d’une véritable révolution pour un jeu par essence continu, et parfois fluide.

Jouer 60 minutes de temps de jeu effectif ? Cela durerait certainement près de 2 heures.

Jouer 2 fois 25 minutes ?

Jouer une partie du match en temps effectif. Marco Van Basten

Cette proposition de jouer qu’une seule partie du match en temps de jeu effectif, émane de l’ancien Ballon d’Or Marco van Basten nommé responsable du développement technique de la FIFA, en septembre 2016, pour « Réfléchir au football de demain ».

Pour traduire, la volonté, de la FIFA, de redynamiser le football il propose l’introduction du temps de jeu effectif à partir de la 80^e minute. Une vraie proposition révolutionnaire diversement commenté à l’époque.

Je vous invite à revoir les 10 dernière minutes de la finale de l’Euro féminin 2022, entre l’Angleterre et l’Allemagne pour mesurer, le bon sens de cette proposition… Une parodie de football pendant 10 minutes, où les Anglaises s’organisent pour qu’il ne se passe rien. Il n’y aucune action, le match est totalement haché, se déroule le long de la ligne de touche avec des joueuses anglaises qui perdent systématiquement du temps … avec le consentement des arbitres ! Pas de carton jaune pas de temps additionnel rajouté… et pourtant ce match se déroulent en 2022 avec les mêmes Lois du jeu du football qu’au Qatar !

Redynamiser le football

La vraie problématique se situe à ce niveau, la FIFA veut améliorer le spectacle, plus de situations de but, plus de buts…

Les tentatives pour rendre le football dynamique depuis 30 ans n’ont pas eu le résultat escompté. Le nombre de but marqué par match stagne toujours en dessous de 3 dans toutes les compétitions, le temps de jeu effectif n’augmente pas non plus. Les joueurs effectuent plus de sprint à haute intensité, mais prennent davantage de temps pour récupérer dans les phases de jeu qui le permettent quand le ballon n’est plus en jeu.

En introduisant la VAR, la FIFA propose un jeu plus haché, cela semble totalement contre-productif pour redynamiser le football. Proposer plus de matchs, une Coupe du monde tous les deux ans, ou avec 48 équipes, n’est pas non plus gage d’un football plus dynamique… sans doute plus rentable.

L’idée d’augmenter le temps de jeu effectif, en allongeant considérablement les matchs de 10 à 15% du temps de jeu, est une fausse bonne idée. Les joueurs vont courir 1000 ou 1500 m de plus, sans doute se blesser plus souvent. Ces joueurs plus fatigués vont tenter de récupérer davantage pendant les « temps mort » du match.

Des solutions ont été adopté, avec succès, pour redynamiser le football, le multi ballon, les 5 remplaçants… La FIFA met aussi l’accent depuis 20 ans sur l’accélération des reprises de jeu, comme dans de nombreux sports collectifs ou de raquettes, et dans ce domaine il reste de grosse marge de progression !

Avec ce procédé, à la limite des Lois du jeu, la FIFA espère que le nombre de buts va augmenter, mais les premiers chiffres de la Coupe du monde ne le confirment pas.

Après 28 matchs, parfois à priori déséquilibrés lors la phase des groupes le nombre de buts inscrits est de 64… soit une moyenne de 2,28 !