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Pour ou contre la VAR ? Le point de vue de Maître Michel Pautot.

POUR la VAR, Maître Michel Pautot, avocat au barreau de Marseille, se prononce pour une généralisation de la vidéo dans le monde !

En 2019, il m’a contacté pour faire un papier sur mon second ouvrage (Et si on modifiait vraiment les règles du football. 99 Propositions, L’harmattan) dans la revue LEGISPORT, le Bulletin d’Informations Juridiques Sportive, dont il est le rédacteur en chef. Il s’est déplacé pour me rencontrer à Paris, et depuis nous débattons régulièrement et amicalement sur le sujet de la VAR.

Véritable acteur de la VAR, il est à l’origine, en septembre 2015, d’une pétition internationale lancée en faveur de la généralisation de la vidéo dans le football sous le slogan « Yes for the Vidéo ». Il militait pour une expansion de la vidéo : Outre le franchissement de la ligne de but à travers la goal-line technology, il est nécessaire que la vidéo soit instituée dans les situations de jeu suivantes : expulsion, faute de main, penalty, brutalité et hors-jeu selon les modalités à définir. Des propositions fort peu éloignées du protocole initial testé dès 2016, et adopté en mars 2018 par le Board !

Partisan inconditionnel de la VAR, avant même sa légalisation, c’est avec grand plaisir que je lui laisse aujourd’hui la parole.

« Il n’est pas opportun d’évoquer la vidéo dans le football sans aborder au préalable les arbitres. Michel Vautrot, un des plus grands arbitres de toute l’histoire du football, est incontestablement un des mieux placés pour en parler. Lors d’un colloque LEGISPORT « sport et arbitrage » organisé il y a quelques années, le grand Michel Vautrot n’a pas hésité à clamer : « l’arbitre est un ami, il est là pour vous aider ». J’ai eu le plaisir de lui remettre quelques années plus tard un diplôme du fair-play lors d’un Congrès. Oui, l’arbitre est un ami.

Me Michel Pautot remet au légendaire arbitre Michel Vautrot le Prix du Fair-Play Legisport lors du Congrès de l’International Society of Sport Science in Arab World en mars 2016

Sujet d’importance et d’actualité, la vidéo fait aujourd’hui couler de l’encre régulièrement dans la presse et les comptes-rendus des matches. La vidéo était devenue inéluctable à la suite d’erreurs célèbres, la main de Diego Maradona (Argentine-Angleterre, 1986) ou le but refusé à l’Angleterre en 2010 face à l’Allemagne alors que le ballon avait franchi la ligne de but !!! Si le résultat de ces rencontres avait été changé, sans doute que la vidéo ne se serait pas imposée, mais les règlements n’autorisent pas de revenir sur le score du match ! La lecture d’ouvrages n’est pas inutile comme « On refait la Coupe du Monde » du journaliste Xavier Barret ou encore « Sos arbitre Sos vidéo » de Bruno Derrien, ancien arbitre international.

Depuis des années, nous avions milité avec LEGISPORT pour l’instauration de la vidéo dans le football qui finalement s’est… imposée avec la goal-line technology et la VAR (Video Assistant Referees). L’apparition de la technologie est une avancée majeure dans l’histoire du football ces dernières années, et même si les détracteurs sont nombreux, la vidéo doit être considérée comme une aide aux arbitres afin que ceux-ci puissent prendre les bonnes décisions.

Des polémiques nombreuses !

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pour le football, c’est pareil. Les matches ne sont pas toujours un long fleuve tranquille… Les polémiques sont nombreuses et risquent de s’amplifier avec la médiatisation croissante du football. Il y a quelques mois, l’Euro qui s’est tenu en juin-juillet 2021 a tenu en haleine tous les amoureux du ballon rond, mais certaines rencontres ont fait parler dans les médias… Pour certains matches de l’Euro, le recours à la VAR n’a pas été nécessaire. Ce n’est pas le cas dans d’autres rencontres. Un pénalty a été validé par la VAR lors de République Tchèque – Croatie alors que lors du match d’ouverture Italie – Turquie, une main d’un joueur turc n’a pas été sifflée (des clarifications et allègements ont été apportés sur les fautes de la main).

Polémiques nombreuses lors du choc France – Allemagne : beaucoup de supporters se sont plaints d’un pénalty non sifflé sur Kylian Mbappé et des brutalités commises sur des joueurs français non sanctionnées. 

D’importantes réformes sont nécessaires

Nous estimons notamment que le système de la vidéo dans le football doit faire l’objet de deux grandes réformes : le Capitaine doit accéder à la vidéo, et cette dernière doit être généralisée partout !

Première réforme : Le Capitaine doit accéder à la vidéo. 

Les arbitres sont au centre du processus décisionnel et peuvent être interpellés par les assistants VAR sur des actions litigieuses.  À nos yeux, le capitaine de l’équipe de football (club ou sélection) doit pouvoir accéder à la vidéo, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. C’est dommage. D’autres sports semblent en avance. En volley-ball, le « challenge vidéo » permet à un entraîneur de demander une vérification d’actions suspectée mal jugées dans certains cas précis. 

Seconde réforme : La vidéo doit être généralisée, partout !

 Oui, nous n’avons pas peur de l’affirmer, la vidéo doit être généralisée partout, dans le monde. Pourquoi ce ne serait pas le cas ? Des championnats ont adopté la VAR et la goal-line technology, d’autres n’ont adopté que la VAR.

Un difficile retour en arrière ?

La vidéo est loin de faire l’unanimité, loin s’en faut. Lors du Congrès de l’I3SAW organisé par Bachir Zoudji, Michel Vautrot pointait « les pièges de la vidéo qui dans certains cas, ne peuvent qu’ajouter à la confusion ». Les polémiques n’ont pas concerné exclusivement l’Euro. Déjà, lors de la Coupe du Monde de football 2018 disputée en Russie, le recours à la vidéo a eu des incidences sur de nombreuses rencontres (France-Australie, Suède-Corée du Sud, Corée du Sud-Allemagne, France-Croatie…) et pas mal de commentaires : recours trop fréquent, sévère, la VAR n’a pas été utilisée suivant les situations de jeu concernées, certaines sélections sont favorisées, d’autres défavorisées par la vidéo…. Un retour en arrière, bref un football sans vidéo, est -il envisageable ?

Á nos yeux, peu probable. Arsène Wenger, l’entraîneur bien connu, aujourd’hui directeur du développement du football de la Fifa a annoncé il y a quelques semaines au Times une « détection automatisée du hors-jeu » pour la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar.

 Ludovic Teneze dans son bel ouvrage « La Var miroir aux alouettes » estime que « la VAR doit être mise hors-jeu, elle piège les supporters, pris en otage avec des décisions retardées et des émotions différées ». Crise ? « Entre sortie de crise, l’abandon de la vidéo et la fuite en avant, l’expansion de la vidéo, les signaux envoyés par les décideurs penchent vers cette seconde voie. Les bénéfices pour le jeu du football restent très aléatoires malgré les chiffres avancés… » pointe Ludovic Teneze, auteur par ailleurs de divers ouvrages sur les lois du jeu. Le débat est lancé. »

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