Sir Stanley Rous la légende de l’arbitrage, reste mystérieusement inconnu dans le monde du football. Je lui ai dédié mon premier ouvrage 150 ans de football, Histoire des lois du jeu (2015) car il a ouvert la voie. Son ouvrage, rédigé en 1974, est le seul consacré entièrement à l’histoire des lois du jeu au XX^e siècle (Rous, S & Ford, D.1974. A history of the laws of Association Football. Zurich, Suisse, FIFA). Une sorte de recherche action au cœur du processus, en effet, il a participé à 34 assemblées générales du Board, organe décisionnaire des lois du jeu. Dans ses traces, j’étudie ce sujet depuis 10 ans.

De 1921 à 1934, Stanley Rous mène conjointement une carrière de professeur de sport au Watford Grammar School et d’arbitre de football en Angleterre. À partir de 1927, il dirige 36 matchs internationaux et termine sa carrière en 1934 avec la finale de la Cup à Wembley, opposant Manchester-City à Portsmouth Football Club (2-1).

Il s’oriente ensuite vers des fonctions de dirigeant sportif. Il est nommé secrétaire de la Fédération Anglaise de football, la Football Association (FA), un poste qu’il occupera 28 ans (1934-1962). Au cours de cette période, il influence le retour de la Football Association au sein de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) permettant ainsi aux Anglais de disputer leur première Coupe du monde en 1950. (Défaite contre les Américains ! Score : 0-1.). En 1961, il devient le 6^e Président de la FIFA et se retire en 1974.

Pour mémoire voici la liste des présidents de la FIFA depuis sa création en 1904 : Robert Guérin (1904–1906), Daniel Burley Woolfall (1906–1918), Jules Rimet (1921–1954), Rodolphe Seeldrayers (1954–1955), Arthur Drewry (1955–1961), Sir Stanley Rous (1961–1974), João Havelange (1974–1998), Sepp Blatter (1998 – 2015), Giani Infantino (2016-)

Concernant le Board, il participe au nombre record de 34 réunions annuelles (1935-1974), d’abord en tant que représentant de la FA, puis au titre de président de la FIFA. Quand les membres du Board à la fin des années 30 jugèrent nécessaire de réviser les lois du jeu, Stanley Rous fut considéré comme l’homme de la situation pour mener à bien cette tâche titanesque. Il commença par éliminer certains amendements désuets et reclassa les lois dans un ordre rationnel. Il proposa par exemple de dissocier en trois lois différentes le terrain de jeu, le ballon et le nombre de joueurs. Il fut aussi à l’origine d’une terminologie distincte entre les coups francs directs et indirects.

Sa refonte des lois du jeu, comparable à une cure de jouvence, est proposée au Board en 1937 et conduit à la classification actuelle. Le travail de Sir Stanley Rous fut tellement méticuleux, que lors de la véritable période d’essor du football les modifications des lois du jeu restèrent très rares. Quand les tirs au but furent ajoutés à la fin du règlement en 1970 aucun membre du Board n’osa proposer une 18^e loi. Il faudra attendre près de 60 ans et 1997, pour assister à une nouvelle simplification du texte et une modernisation de la langue utilisée, mais le principe des 17 lois fut conservé.

D’un point de vue pratique, l’influence de Stanley Rous est encore visible aujourd’hui. En effet, il fut le premier officiel à recourir au système diagonal d’arbitrage, une organisation qui rationalise toujours les déplacements de l’arbitre central. De plus pour éviter toute discussion inutile et donner du sens aux décisions de l’arbitre, Sir Stanley Rous réalise un « Mémorandum on signals », un genre de langage universel, qui sera adopté par le Board en 1974. Il a donc théorisé les actions de l’arbitre.

Acteur de la vie sportive, il participe également à la réussite des Jeux Olympiques de Londres en 1948. Son investissement dans le sport est reconnu par son anoblissement par le Roi d’Angleterre Georges VI dès 1949. Concernant le football, Sir Stanley Rous reste un des pionniers d’une histoire des lois du jeu.

Immense respect Monsieur l’arbitre !