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L'histoire du but en or / Histoire du football  / Michel Vautrot. L’amour du Jeu, de la 18e règle, celle du bon sens !

Michel Vautrot. L’amour du Jeu, de la 18e règle, celle du bon sens !

Comme le dit Michel Vautrot, nous étions faits pour nous rencontrer… C’était le 2 mars 2016, à la suite de ma communication dans un colloque consacré aux nouvelles technologies dans le football, il a acheté mon premier livre « 150 ans de Football ». Le lendemain… il l’avait déjà lu ! Le début de l’aventure…

Pour moi il faisait déjà partie de mon univers, il suffisait de regarder comme simple spectateur les plus grandes compétitions de football dans les années 80. Sa carrière internationale fait de lui une véritable légende de l’arbitrage. Il fut notamment classé deux fois, en 1988 et 1989, meilleur arbitre du monde par l’International Federation of Football History & Statistics. Il a dirigé cinq matches lors des Coupes du monde de football de 1982 et 1990, notamment la demi-finale de 1990, le célébrissime et sulfureux Italie-Argentine du 3 juillet 1990 (1-1, 3 tab à 4). Une douce folie de faire jouer cette demi-finale dans le stade San Paolo de Naples ou jouait Maradona depuis 1984 !/

Il a également arbitré la finale de l’Euro 1988, (Pays-Bas-Russie : 2-0) avec le chef d’œuvre de Marco Van Basten et la finale de la Coupe des clubs champions européens 1985-1986 (Steaua Bucarest – FC Barcelone : 0-0, 2 tab à 0). Avec cinq désignations, il détient aussi le record des finales de Coupe de France dirigées !

Le Jubilé de Michel Platini, le 27 septembre 2015.

            Naturellement, je l’ai sollicité pour la préface de mon second ouvrage, « Et si on modifiait vraiment les règles. 99 propositions », et un matin j’ai eu le très grand bonheur de lire ces lignes.

Je partage aujourd’hui, sa plume et ce plaisir renouvelé.

Pour l’amour du Jeu

« J’ai rencontré Ludovic en mars 2016 à l’occasion d’un intéressant colloque sur le football et les nouvelles technologies qui a réuni de nombreux experts à l’Université de Valenciennes. J’ai découvert un homme passionné et passionnant avec des compétences multiples pour aborder la problématique des lois du jeu.

Au-delà de son cursus universitaire, professionnel et footballistique qui lui donne sa légitimité, il perce sous cet homme soucieux de la beauté du jeu un véritable historien curieux de la bible recelant les 17 lois (la plus importante, la 18e non écrite est celle du « bon sens ») qui s’impose aux gardiens du temple, les arbitres.

Ces nombreux écrits fouillés et documentés tournent invariablement autour de ce sujet qui est la pierre angulaire des contours d’un match de football.

Il se trouve que, comme lui, je suis très attaché à tout ce qui tourne autour des fondamentaux qui font du football le sport le plus populaire au monde. Mais, génération oblige, je suis un peu moins enthousiaste que lui sur toutes les propositions de changement qui sont mises sur la table.

C’était écrit que nous devions nous rencontrer…. J’ai longtemps arbitré le tournoi « juniors » de Monaco qui a été, sous le parrainage du prince RAINIER, un laboratoire d’expériences pour tester les propositions de changement (exclusion temporaire, touches au pied, suppression du hors-jeu, etc.). Ancien rédacteur en chef de « France Football » récemment disparu, Jacques FERRAN était le coordinateur des tests et m’avait pris son aile comme témoin « actif », ce qui m’a valu le privilège de réunions intimes dans le bureau du Prince en son Palais. Je voyais bien que mes conclusions peu favorables leur faisaient de la peine, mais j’étais déjà très attaché à mon « libre arbitre » et à mon image conservatrice.

Lassé de dépenser autant d’argent en invitant les têtes pensantes du Board et de la FIFA pour voir les règles figées dans un bloc de glace infranchissable, son Altesse Sérénissime mit un terme au tournoi et, par ricochet, à sa volonté de participer à l’évolution des règles et donc du jeu.

Il faut dire que je me suis longtemps dit que les lois de ce jeu ne devaient pas être si mauvaises que cela puisqu’on jouait au « foot » sous toutes les latitudes avec la même passion et la même réussite populaire. Et c’est le moment de rappeler qu’elles s’appliquent à tous les acteurs, qu’ils fussent amateurs ou professionnels d’où certainement l’ambigüité entre « jeu » et « business ». Et j’ai souvent répété deux phrases clefs (à mes yeux) :

  • « On pourra toujours changer les lois, elles ne vaudront que par ce que les hommes voudront bien en faire, surtout avec la préoccupation majeure qui sera pour les joueurs de les contourner. »
  • « Le football n’a pas été inventé pour les arbitres, mais il ne peut pas se jouer sans eux » (le moment de rappeler que les anglais n’avaient pas prévu d’arbitres dans l’acte de naissance du football mais que la chienlit s’installa vite sur les terrains…)

Cela étant dit, il est temps aussi de gommer l’image de l’international Board qui ne serait composé que de séniles à la longue barbe blanche et reclus dans une grotte qui serait fermée au monde moderne qui évolue à une vitesse supersonique. La meilleure preuve en sont les modifications et ajouts qui fleurirent ces dernières années pour apporter un peu de fluidité au jeu de plus en plus cadenassé par les enjeux. Et comme un malicieux clin d’œil au moment de la sortie du second livre de Ludovic TENEZE, la saison 2019/2020 a débuté dès le 1er juin avec un sacré lifting touchant beaucoup de règles et envoyant aux oubliettes pas mal d’habitudes.

Il n’en reste pas moins que, nouvelles règles ou pas, les contestations continueront de fleurir sur et autour des terrains. Il faut dire que tout le monde joue au football mais que beaucoup n’en connaissement pas les règles. Quel métier autre que footballeur professionnel permet d’exercer sans en connaître les codes ?

Comparer avec les autres sports n’est pas une mauvaise idée pour en retirer le meilleur. Mais c’est oublier que les mentalités sont très différentes et c’est bien regrettable que le football ait banalisé les contestations des arbitres sans trop chercher à les restreindre.

C’est ce que s’efforce de répondre à cette problématique l’ami Ludovic en cherchant à travers les origines et le passé des réponses au pourquoi du comment. Et en posant les bonnes questions. C’est dire si son ouvrage s’adresse à toutes les catégories de potentiels lecteurs : ceux qui souhaitent connaître un historique permettant de comprendre la « mécanique » qui se cache derrière ce sport universel et ceux qui doivent connaître les rouages avant d’assouvir leur soif de changement.

Les lois du jeu n’évoluent pas dit la rumeur ? J’ai à la maison le code des lois du jeu 1948/1949. Un petit livret jauni de quelques pages. La « bible » -référence en la matière- éditée par la Ligue des Hauts de France comporte des centaines de pages…

L’auteur du livre que vous avez entre les mains doit déjà phosphorer sur le 3° ouvrage car le football est devenu un phénomène, décliné au masculin et maintenant au féminin, qui repousse sans cesse les limites d’une réglementation qui doit s’adapter à l’évolution du jeu et des mentalités. A condition de ne pas perdre son âme…

Ludovic Tenèze (2019) Et si on modifiait vraiment les règles du football ? 99 propositions. Préface de Michel Vautrot, pp 7-11.
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