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POUR ou CONTRE La VAR. Le point de vue de Jacques Blociszewski

CONTRE, ce chercheur en communication, est farouchement opposé à la VAR depuis la première heure, pour lui « L’arbitrage vidéo menace le football. Violemment. »

         Jacques Blociszewski, nous met en garde contre l’arbitrage Vidéo depuis plus de 20 ans, comme en atteste son article dans Le Monde diplomatique, « Le football face au vidéo-arbitrage », en mars 1996. Dans son ouvrage de référence Le Match de football télévisé (Éd. Apogée, 2007), il analyse de façon experte l’évolution de la manière de filmer et de proposer un spectacle sportif à travers le petit écran… Il nous révèle que le premier ralenti date de 1965, et qu’il y a de plus en plus en plus de ralentis et de plus en plus de plan par match !

100 ralentis par Match !

Pour Jacques Blociszewski,les réalisateurs français diffusent massivement des ralentis pour donner du punch à la réalisation. Ce chercheur, spécialiste des technologies audiovisuelles, propose une réflexion critique sur la mise en scène du spectacle sportif et condamne cette « dictature du ralenti ». Cette réalisation, avec la diffusion d’une multitude de replay et de ralentis, hache le jeu et éloigne le téléspectateur de la vision réelle du match. Un téléspectateur qui perd le fil et manque souvent des actions de jeu en direct. Autre transformation de la réalité, les plans larges des actions de jeu rediffusées qui laissent de plus en plus de place à des plans ultra serrés pour se rapprocher toujours davantage des joueurs et des actions. Des focus symbolisés par les super loupes qui permettent de disséquer le moindre contact entre les joueurs, ou entre le ballon et le corps d’un joueur. Ces magiciens de l’image et de l’illusion n’ont pas attendu l’autorisation du Board pour appliquer sans attendre un arbitrage vidéo virtuel, révélant de potentielles erreurs d’arbitrage. En fait, avec plus de 100 ralentis par match, la télévision fait déjà office d’arbitrage vidéo… Seul l’arbitre reste dans le noir !

1000 plans par match

Jacques Blociszewski, chroniqueur des Cahiers du football, dans son papier du 7 juillet 2014, constate que le réalisateur français François Lanaud, pendant le premier tour de la Coupe du Monde au Brésil en 2014, utilise comme souvent plus de 1000 plans par match. Avec des plans d’une durée moyenne de 11 secondes, la réalisation atomise le match. L’idée est au fond toujours la même, celle de scotcher le téléspectateur à l’écran par un semblant d’activité débordante sur le terrain, réelle ou fabriquée. En définitive, cette réalisation moderne donne l’illusion d’un match dynamique, d’un match beaucoup plus spectaculaire et rapide. Revoir un match d’anthologie du football des années 70 est comparable à la sensation ressentie à la projection d’un film culte des années 60, une impression de lenteur incroyable.

Il propose, dans son dernier ouvrage Arbitrage Vidéo Comment la FIFA TUE le foot (Les Éditions de L’Ara 2018), une critique radicale des partisans de la VARe, notamment des dirigeants de la FIFA mais aussi des ProVAR comme le journal L’Équipe ou Canal+…

Pour lui « L’arbitrage vidéo menace le football. Violemment. Ce sport magnifique, le premier du monde, est aujourd’hui la victime d’évolutions profondes de nos sociétés d’une part, d’autre part de l’opportunisme de l’organisme censé le représenter, le protéger et le promouvoir au niveau mondial : la fédération internationale de football association (FIFA).

Lutter contre deux lieux communs

Il tente notamment de lutter contre deux lieux communs :

« L’image, c’est la vérité ».

« La technologie, c’est le progrès ».

L’auteur s’étonne de pouvoir juger des actions dans un centre international de diffusion situé très loin du stade. Il critique les décisions prises par le VAR en s’appuyant sur le ralenti d’image. « Le ralenti en effet n’est pas la réalité, il en est déjà une interprétation et modifie notamment la perception de la violence de l’impact des chocs entre joueurs ». Il cite Richard Escot, Journaliste Rugby depuis 1985 à l’équipe : le jugement de la VARe – et le ralenti- « n’existe pas dans la vie (…). La vidéo n’est pas dans l’esprit du match, qui a son unité de lieu, de temps, d’action ».

Selon lui, en Russie Lors de la Coupe du monde 2018, la théorie du « au moins, avec la vidéo, on n’aura pas de grosses erreurs » a volé en éclats. Notamment lors du match de la Serbie face à la Suisse et, ou de l’Iran face au Portugal ainsi que du Maroc contre l’Espagne. En fait beaucoup de matchs ont fait beaucoup couler beaucoup d’encre et sont l’objet d’un scandale. Á la suite de Brésil-Suisse la fédération brésilienne a écrit une lettre de protestation à la FIFA…

99,3 % : Bienvenue chez big Brothers

Mais le plus grand scandale pour l’auteur ce sont les résultats de la VAR en Russie exposés par la FIFA de façon outrageusement positive, le pourcentage de décisions correctes s’élevant selon elle à 99,3 % avec la VAR et 95% sans la VAR !

« Cette communication FIFA sent la mascarade. Pire, elle reflète un fondement essentiel de la VARe : une idéologie d’éradication totale de l’erreur, autant dire du vivant. Or qui ne se trompe jamais ? Ce n’est pas l’idée en soi de réduire les erreurs les plus graves qui fait peur ici, c’est que la FIFA s’aligne carrément sur l’exigence folle de beaucoup, de ceux qui ne connaissent pas le football, où vivent à ses crochets, selon laquelle il faut éradiquer l’erreur dans le foot professionnel, comme on éradiquerait la peste ou le choléra ».

Des chiffres qui interpellent forcément, quand on sait que certaines fautes entre dans l’univers de la « zone grise » … personne n’est d’accord pour ces actions complexes, même 10 arbitres experts ! En effet, « Définir une erreur n’est pas chose si simple, surtout dans un sport comme le football, ou la part interprétation laisser l’arbitre est très grand. »

         Et pourtant, de façon surprenante on retrouve les mêmes chiffres de bonnes décisions en Allemagne, 99,25 % en Allemagne sur la demi-saison 2017 2018. Dans le quotidien Fussball Bild l’éditorial de Christian kitsch a sauvé l’honneur de la raison et de la lucidité dans un billet de « Une » intitulé : Verkauft uns niche für dumm « Ne nous prenez pas pour des idiots ». Pour lui le chiffre deux 99,25 % est une fable en effet ce chiffre nie les nombreuses plaintes enregistrées pendant la saison contre la « folie vidéo ».

« Avec des chiffres de conte de fées, on ne gagne aucune confiance » Christian kitsch.

L’augmentation des caméras… « Dans le Marais des ralentis »

L’auteur précise que « contrairement à ce que l’on entend lire souvent, le nombre croissant d’angles différents n’aide pas à la prise de décision, elle la complique à l’extrême : en effet les plans se contredisent, s’annihilent l’un l’autre, ne disent rien. »

De plus, « À force de tout visionner et scruter, on n’analyse plus le jeu, on le dissèque, après avoir isolé artificiellement une action, et jusqu’à un certain point, On le déforme voire le tue. Un match de football est une entité organique, un ensemble vivant, non réductible à la totalité de ses composantes. »

« Nous risquons vite de regretter l’instantanéité de la décision de ces arbitres droit dans leurs bottes, parfois abusé certes, mais avec une solide capacité à trancher dans la seconde des situations complexes, en préservant ainsi l’incomparable et essentielle fluidité du jeu ».

« Le spectacle de l’attente »

         La VAR joue aussi avec la fluidité du jeu, et surtout avec nos émotions. Il reprend la formule de Filippo Inzaghi cité par Jérôme Latta janvier 2018 le monde.fr : « Cela enlève les émotions du foot, à nous et aux Tifosi. Après un but, on ne s’embrasse plus, on regarde L’arbitre Cela m’enlève l’adrénaline et le goût du foot ».

« La VARe, c’est la loterie » !

         Non convaincu par une amélioration espérée de la justice sportive, bien au contraire, pour l’auteur la VAR ressemble à un genre de loterie. Á ce sujet, le site du monde du 16 juillet titre « Les nouvelles technologies au service de la France ». En effet, la VAR qui avait déjà profiter aux bleus lors de leur match d’ouverture contre l’Australie, a fait basculer la rencontre (la finale) aux dépens des Croates ».

En effet, après le match d’ouverture, après 240 secondes, le VAR donne pénalty pour la France… Pour Le Journal du Dimanche la France a battu l’Australie… « Et on gagne à douze »

Pour conclure, l’auteur évoque un « voyage au pays des mirages, des abus en tout genre et du mépris ».

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